Journée d'étude "Congrès scientifiques & réseaux savants" - Géographie-cités


(franck.leclercq) #1

Bonjour,

J’ai le plaisir de vous convier à la journée d’étude « Congrès scientifiques & réseaux savants » qui se tiendra le 08 décembre prochain à la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord, 20 avenue George Sand, de 9h à 17h30 . Cette journée, à la croisée de la géographie, de l’histoire, de la sociologie, et des sciences de l’information, est proposée par les membres du projet de recherche NETCONF soutenus par le GIS Réseaux Urfirst et la transversalité « Humanités Numériques » du laboratoire Géographie-cités. Le programme et l’affiche sont consultables ici.

Les inscriptions sont ouvertes au lien suivant : https://tinyurl.com/netconfscience

Pour toute demande de précisions : marion.maisonobe@cnrs.fr

Lien de l’évènement sur Calenda : https://calenda.org/927507

Bien cordialement,

Marion Maisonobe

Argumentaire de la journée :

Les congrès sont des objets d’étude multiformes propices au dialogue entre disciplines. Tout d’abord, ils peuvent être abordés comme des évènements sociaux collectifs « faisant lieu » de manière éphémère au même titre que les salons et foires qui intéressent la sociologie des évènements, justifiant ainsi la mise en œuvre d’approches ethnographiques ou participatives.

Par les traces documentaires qu’ils génèrent (programmes, registres d’inscription, photographies), ils donnent matière à présumer de la rencontre entre personnes inscrites dans une démarche d’histoire des sciences. Outre l’approche prosopographique, analyser la démographie, la géographie et le contenu des congrès (reflétée par l’évolution des programmes et des actes) présente un intérêt important pour l’histoire des disciplines.

Concernant ce dernier aspect, il n’est pas rare que des associations savantes s’emparent des congrès de leurs disciplines pour en suivre l’évolution et tracer les grandes lignes de 20 ou 50 ans d’existence, voire même de 100 ans. Pensons aux congrès de l’Union Géographique Internationale dont le centenaire fut célébré dans un ouvrage collectif datant de 1972 (UGI, 1972).

Par leur rôle moteur dans la circulation des connaissances et l’établissement de relations internationales, les congrès sont des témoins et observatoires de phénomènes globaux comme l’internationalisation de communautés savantes ou plus conjoncturels : les répercutions d’une crise, d’un conflit géopolitique ou d’un aléa climatique (Campos et al. 2018). En précipitant l’organisation d’évènements en ligne, la pandémie qui nous affecte interroge d’ailleurs sensiblement le devenir et la forme future des congrès internationaux et plus largement les pratiques de mobilité savantes et de mises en circulation des savoirs.

Puisqu’ils précèdent généralement la parution de résultats scientifiques stabilisés, les congrès ont potentiellement une longueur d’avance sur la science formalisée. Le contenu et la fréquentation des panels sont alors en mesure de donner le pouls d’une spécialité et d’anticiper sur des transformations en cours ou à venir dans un champ de recherche.

Dans leur dimension rituelle et d’introduction à une communauté, les congrès ont une fonction essentielle dans le processus visant à entrer dans la carrière académique. Par leur caractère parfois festif, ils ont vocation à fédérer et créer du lien entre les membres d’un collectif ou d’une discipline ; ce qui est central pour la sociologie des réseaux sociaux.

L’analyse de réseaux comme méthode de recherche se prête d’ailleurs volontiers à l’étude des congrès puisque les réseaux de types « actor – event » font l’objet d’une littérature à part entière dans la catégorie d’étude des réseaux multimodaux. Étrangement, s’il y avait bien un réseau de conférenciers parmi les réseaux canoniques ayant servis d’exemple aux premières applications de cette méthodologie par Linton C. Freeman (1980), il y a paradoxalement peu d’analyses de réseaux bipartis s’appuyant sur des données de congrès.

Les congrès, enfin, sont d’importants révélateurs d’inégalités. Par leur coût et leur géographie, ils peuvent avoir une dimension excluante ce que peut traduire l’inégale origine géographique des panellistes. Comme ils mettent en lumière certains membres éminents, ils ont aussi tendance à en invisibiliser d’autres, ce que révèle, par exemple, l’observation des prises de parole dans les panels uniquement masculins (Else, 2019).

Pour toutes ces raisons, les congrès sont un objet propice au dialogue entre disciplines en sciences humaines et sociales. La diversité des méthodologies et des sources actuellement employées pour les étudier témoigne en effet de la variété des phénomènes sociaux qu’ils éclairent. Mais en l’absence de dialogue, cette diversité est susceptible de limiter la comparabilité et la transversalité des recherches menées sur le sujet, enjeux qui seront au cœur de la journée d’étude : « Congrès scientifique & réseaux savants » à laquelle nous vous convions.

Références

Campos, R., Leon, F. & McQuillin, B., Lost in the Storm: The Academic Collaborations That Went Missing in Hurricane ISSAC, The Economic Journal, Vol. 128, no 610, 2018

Else, H., How to banish manels and manferences from scientific meetings, Nature News, 2019, Nature Group.

Freeman, L., Q-analysis and the structure of friendship networks, International Journal of Man-Machine Studies, Vol. 2, no 4, 1980

UGI, La Géographie à travers un siècle de Congrès Internationaux, UGI, 1972

Bibliographie élargie et participative : https://www.zotero.org/groups/2408729/netconf

programme_mini.pdf (27,1 Ko)